Aicha et vous ….
Au printemps, le désir me donne des ailes, comme le mystère qui enrobe ma peau, je souhaite me défaire de mon hibernation…
Qui suis-je ? Qui est donc Aicha derrière son écran, cette femme si femme qui crache ses émotions, audacieuse et rebelle à toute inhibition ?
Vous trempez vos lèvres fébriles dans votre tasse de café, dans un instant d’éternité ; dehors tous les passants vous semblent si pressés.
Qu’est ce qu’une minute devant l’éternité ?
Une silhouette plus légère détourne votre attention, vous éloigne de l’immersion de votre isolement.
La tiédeur des rayons du soleil printanier a ce talent béni de soudain dévêtir les femmes les plus frileuses.
La fluidité de la robe d’Aicha ondule sous ses pas, dans une allure noble sans pour cela être hautaine, elle a l’air si sûre d’elle ; quel est donc son destin ?
Chacune de ses enjambées racées dévoile dans l’impudeur le galbe de ses cuisses de bas noir voilées. Exquise féminité attirant le regard non camouflé de prédateurs anonymes, elle n’en est que plus belle dans sa féminité.
Vous vous plaisez à rêver, qui est-elle ? Vous ne le saurez sans doute jamais mais vous en garderez sans doute un troublant souvenir…
Sa course sensuelle est soudain arrêtée, Aicha plonge dans son sac une main farfouilleuse, en retire à la hâte un portable vibrant. Caverne d’Ali baba que le sac d'une femme...
Son rire vous éclabousse comme la luminosité d'une matinée estivale, dans une communication que vous devinez, que vous désirez amicale.
Il est temps de vous éclipser car votre fébrilité s’avère tout à coup palpable, délateurs sont ces regards qui semblent vous juger. Vous avez soudain l’impression de ressembler à un néon publicitaire lumineux …
« Je suis là, je vous attends »
Mais pour qui se prend-t-elle pour ainsi vous troubler ?
« Garçon, s’il vous plait, l’addition? »
Trop tard, Aicha vient d’entrer. Elle jauge superficiellement l’ensemble de la clientèle, murmure quelques mots au garçon de café, puis s’efface doucement vers le panneau discret « Toilettes »
Le serveur, enfin, s’approche de votre table, vous tendant l’addition et la salade du jour.
« Je n’ai rien commandé », vous empressez-vous de lui dire
-Oui, je sais mais une cliente qui vient d’entrer m’a demandé de lui servir la salade du jour à votre table
-bien, merci, vous pouvez encaisser maintenant ?
-Bien sûr, Monsieur »
Vous lui tendez la monnaie, tout en vous apprêtant à partir. Peine perdue, elle reparait, elle se dirige vers vous, son assurance en guise de carte de visite.
« Bonjour, est-ce vous ? C’est moi ! »
Le mystère persiste, jusqu’à l’instant précis, où d’un geste élégant, elle retire ses lunettes.
Un reflet persistant d’un regard vert troublant, vous éclabousse à l’identique de son rire éclatant, quelques minutes auparavant. Votre silence l’interroge …
« Oh je suis confuse, j’ai du me tromper ! »
« Non, je suis bien moi »
A votre confusion, elle répond par un sourire qui trouve la faille pour embraser votre désir!
Vous en venez soudain à regretter la bénédiction que vous aviez prêtée à la douceur printanière. Vous avez une idée de qui elle est peut être, mais vous la laissez, pour votre grand plaisir, se dévoiler.
Cette femme « mystérieuse » vous parle de ses rêves, de sa vie, si naturellement qu’elle en est émouvante de sincérité. Presque naïve dans ses emportements, elle perd de sa superbe, laissant, par moment, une puérilité faire d’elle une enfant que vous désirez autant. Votre regard abandonne la prunelle de ses yeux dont elle use avec talent pour mieux vous subjuguer. Vous enrobez sa silhouette. Elle n’est pas vraiment belle, juste ce je ne sais quoi qui la rend sensuelle, dans sa seule gestuelle et ses regards si doux. Vous l’imaginez choisissant sa toilette, harmonisant accessoires et maquillage et le temps qu’elle a du accorder à ces instants de mise en beauté précieux pour une femme attendue à un rendez-vous galant.
« Les yeux déshabillent ce que mains habillent » (Charles de Leusse)
Les vôtres se perdent dans le V de son profond décolleté dévoilant par instant la naissance de ses seins, sous un geste malhabile, une nouvelle position, lorsqu’elle croise et décroise ses jambes, dévoilant progressivement et de plus en plus haut, le galbe de ses cuisses fuselées.
Vous ne dites presque rien, la laissez se raconter entre deux bouchées de salade qu’elle déguste, gourmande.
« Mais vous, vous ne dites rien, racontez-moi …je suis désolée, je suis si bavarde, A moins que …je ne vous plaise pas, c’est cela, mon Dieu je suis confuse »
Vous lui souriez attendri en lui murmurant, « mais si …. » !
Comment lui avouer que là , dans l’instant, vous avez envie de l’embrasser, de glisser vos mains sous les pans de sa robe , de la prendre par la main, de l’emmener plus loin , de lui donner ce plaisir qu’elle décrit dans ses écritures , ces désirs qui ont fini par vous conduire jusqu’ici.
Vous vous dévoilez, un peu, pas trop, elle boit ce que vous dites, vous interrompt un instant, enfournant dans votre bouche une fourchetée de son plat, en vous murmurant « c’est délicieux ».
Votre surprise l’amuse, elle ne peut retenir un rire mutin, un rire qui vous éclabousse pour tant de séduction spontanée.
Elle ne laisse rien paraître, vous ne savez pas si vous êtes à son goût. Peut être vous le fera-t-elle savoir, peut être…
Elle désorganise tout à coup vos pensées
« Et bien, où êtes-vous ? Parti pour un ailleurs …
« Désolé, c’est vrai, un oubli au boulot qui me tracasse un peu »
« Ah, le boulot, c’est vrai j’avais oublié que vous travailliez …Bien je vais vous laisser, de toute manière je suis attendue ailleurs »
« Mais non, restez »
Elle appelle le garçon, demande l’addition.
« Non laissez, je vous en prie, vous êtes mon invitée »
« Oh, merci. »
Elle se lève …vous vous levez.
« Un instant je reviens » vous dit-elle
Vous la regardez s’éloigner, vous vous imprégnez de sa démarche chaloupée, qui laisse deviner une croupe des plus séduisantes… Un instant, un instant seulement vous rêvez à plus qu’un simple rendez-vous dans la douceur d’un café…
Elle discute un instant avec le barman, semble écrire quelques mots sur un papier
« Voilà » vous dit-elle, en posant un baiser sur votre joue
Son parfum vous ensorcèle, elle est divinement diabolique ne serait-ce que par ses comportements innés.
« A bientôt » vous dit-elle en déposant sur la table un papier griffonné.
« A quoi jouez-vous, beau ténébreux avec vos yeux couleurs d’automne
Besoin de tendresse, de contre jours et de caresses, que voulez-vous ?
Que je vous entraine, vous allume, vous étreigne, vous couche sur le dos ?
Votre sourire a su trouver la faille, tendre animal.
Venez si vous voulez que je vous entraine, que je vous allume, que je vous éteigne… 06 29…… »
Elle se retourne, rit aux éclats de votre émoi, le diabolique au bord des yeux.
Inutile de noter son numéro, vous la suivez déjà dans la douceur du printemps naissant…
La suite, Aicha vous la laisse deviner ou inventer…
Quelques indices si vous voulez, une chambre d’hôtel…Un lit défait et deux amants qui se découvrent.
Aicha n’est plus mystérieuse pour vous...